Honnêteté
Le débat sur le « Contrat première embauche »
continue de faire rage. Guerre des statistiques (combien d’Universités en grève ?
quel taux de chômage chez les jeunes ?), guerre des idées (pas si
nombreuses), guerre de principes.
Je me
suis déjà exprimé sur le peu d'intérêt, à mes yeux, de cette « réforme
» qui n'en est pas une. Gageons que les jeunes les plus affectés par un
chômage structurel ne seront guère davantage recrutés en CPE ou CNE
qu'ils ne l'étaient par d'autres moyens tant il est évident que ces
deux "nouveaux" instruments ne changent pas grand chose et rien au fond
du problème.
Si le fond ne me semble pas très honnête, la forme, elle, me semble confiner au mensonge.
Au beau milieu des hurlements populaires, le 9 mars très précisément, Monsieur de Villepin déclare la chose suivante à propos du CPE "Alors, oui, j’entends bien les inquiétudes et les préoccupations qu’expriment les jeunes, comme certains de leurs parents. J.-L. Borloo et G. Larcher comme G. de Robien et F. Goulard poursuivent leurs consultations. Avec eux, je complèterai le dispositif prévu par la loi, en faisant des propositions dans les tout prochains jours, pour enrichir le parcours d’embauche."
Le Premier Ministre a même jugé bon de faire reproduire l'intégralité de sa réponse à un parlementaire sur le site Internet de son Ministère.
J'ai lu attentivement cet extrait et j'en déduis qu'une négociation est encore possible. C'est d'ailleurs ce que laissent entendre les déclarations de l'intéressé à la presse lorsqu'il envisage l'hypothèse d'une amélioration du dispositif.
Dialogue, concertation et améliorations sont donc les mamelles de la bonne volonté du Premier de nos Ministres.
C'était côté scène...
Côté cour, la réalité est un peu différente.
Le texte a été examiné selon la procédure dite "d'urgence déclarée", en d'autres termes avec un nombre d'examen par chacune des chambres limité et l'impossibilité, au delà de la première lecture, de déposer des amendements sans l'accord du gouvernement. C'est la procédure dite de l'article 45. Fâcheuse habitude que prennent les gouvernements de légiférer par ordonnance (le parlement ratifie alors a posteriori un texte), dans l'urgence ou en vote bloqué (procédure dite du 49-3).
Cette précipitation ne me semble déjà pas très en phase avec les intentions de dialogue et d'amélioration affichées.
Mais le plus drôle, c'est que le jour même de cette intervention de Monsieur de Villepin, la petite loi était adoptée (ce dont Monsieur de Villepin ne se cahait d'ailleurs même pas dans l'intervention précitée). En d'autres termes, le texte n'attend plus que de passer le cap d'un éventuel examen par le Conseil Constitutionnel et d'être promulguée.
Si améliorations ou adaptations il y a , ce sera... plus tard.
Bref, il m'arrive de me demander si... on ne nous promènerait pas un peu, quand même...