Cinéma canadien
Avant propos: quelques photos ont été ajoutées ici...
Je vous parlais il y a quelques temps d'un film canadien, longtemps passé inaperçu, et qui pourtant est à mon sens une petite merveille. Soldes aidant, j'ai acheté et revu un autre de ces films qui méritent de traverser l'Atlantique.
Il faut tout de même que je vous mette en garde. Pour commencer, ce film de Denys Arcand a été largement primé (meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario aux Cesar 2004, meilleur film étranger aux Oscar 2004). Pas question, donc, de crier au scandale. Ensuite, contrairement à C.R.A.Z.Y. qui, bien qu'il abordait quelques questions graves, était au fond un film plein de vie, Les invasions barbares nous parle de la mort.
C'est l'histoire de Rémy que l'on nous raconte ici. Rémy se meurt dans l'un de ces hôpitaux publics décadents dont le modèle anglo-saxon a le secret. Seul ou presque. Son ex-femme, dépassée par cette mort qui n'en finit pas de venir, en appelle à l'aide de leur fils, golden boy qui n'entretien plus que des relations lointaines et houleuses avec ce père que l'on devine coureur et très absent.
Et ce fils, pour qui l'argent ne fait pas problème, d'acheter à son père une mort confortable. N'y aurait-il que le confort physique, la démarche serait troublante, voire vulgaire. Mais non. Le fils de faire venir les anciennes maîtresses de son père, ce qu'il lui reste d'amis, quelques étudiants à lui aussi. Et les choses sont alors moins simples. D'une part, même si l'on devine que tous ces gens seraient demeurés loin s'il ne s'était trouvé ce fils providentiel pour assumer les frais du périple, il est évident aussi que l'argent n'a pas suffit à les convaincre. Il aura fallu qu'au fond ce fils aime son père pour décider cette troupe improbable à venir accompagner celui qui fut leur ami, leur amant. D'autre part, le fils lui-même, à force de rassembler les morceaux qui ont composés la vie de son père, en vient progressivement à le découvrir sous un autre jour.
Cette agonie que nous donne à voir les Invasions barbares se transforme alors progressivement en un échange - de mots, de regards, de souvenirs - souvent léger et drôle, toujours touchant.
C'est le miracle de ce film: faire rire, et de bon coeur encore, aux dépends d'un homme mourant que rien ne réjouit tant que le rire de ceux qui l'entourent et même, on veut le croire, des spectateurs.
Les invasions barbares n'est pas sans rappeler C'est la vie. En tous cas, c'est à voir...