Ils ont passé l'oral... enfin, passé...
Je vous parlerais bien de l'oratoire carolingien de Germigny ou de l'Abbaye de Saint-Benoît (Loiret). Pourquoi pas aussi des reflets du soleil sur la Loire qui était magnifique cet après-midi. Et oui, c'était jeudi, je me suis donc promené !
Seulement voilà, je n'avais pas mon appareil photo sous la main (signe que la promenade n'était pas préméditée) et je ne suis pas sur qu'un long discours...
Et si certains se demandent d'où me vient cette manie de visiter des églises le jeudi après-midi, la réponse est à chercher du côté de mon compagnon de voyage !
Assez plaisanté, passons aux choses sérieuses. Hier au soir, sous le regard (seulement le regard d'ailleurs, parce que la parole...) de Madame Chabot et de Monsieur Poivre d'Arvor, nos finalistes ont débattu.
Du fond, je ne dirais rien. L'un comme l'autre s'en sont tenus à leurs programmes, déjà abondamment commentés. Quant aux quelques sujets abordés et sur lesquels la polémique faisait rage ce matin sur les ondes (la part du nucléaire dans la production d'électricité, le nombre d'enfants handicapés scolarisés,...), je ne m'y attarderais pas. Il y a peut-être eu erreur de l'un ou de l'autre, mais les déclarations d'intentions étaient, elles, claires.
C'est donc la forme qui m'intéresse. D'une façon générale, d'abord, je dois dire que j'ai trouvé les deux candidats assez moyens. Monsieur Sarkozy était manifestement à contre emploi, très calme mais d'un calme arraché au prix d'efforts sur soi trop visibles (gros plan de lui barrant rageusement sa feuille de notes lorsque Madame Royal l'a pris à parti sur la question du handicap). Madame Royal s'est, quant à elle, montrée très inégale. Tantôt très à l'aise, naturelle et, disons le, assez convaincante, elle a commencé presque toutes ses interventions sur un ton de collégienne passant l'oral du brevet...
Moyens, donc. Il y a cependant eu quelques temps forts. L'envolée de Madame Royal, accusant Monsieur Sarkozy d'immoralité politique en raison de ses actions passées contraires à ses déclarations d'aujourd'hui en était un. A titre personnel, et sous réserve de la part de jeu (au sens du jeu des comédiens) qu'il peut y avoir là, je suis assez séduit par cet aspect de Madame Royal qui nous dit avoir conservé sa capacité d'indignation et donc demeurer attachée à certaines valeurs.
Les réponses des candidats à la question de Monsieur Poivre d'Arvor ("Que pensez-vous l'un de l'autre) était également marquantes à mon sens. Monsieur Sarkozy nous a gratifié d'une corbeille pleine de bons sentiments à l'égard de son adversaire. Madame Royal a fait de lui son partenaire dans un débat politique à l'égard duquel elle ne s'autorisait aucune appréciation personnelle. Le propos me paraît digne d'une aspirante chef d'Etat.
Je passe sur les, finalement nombreuses, passes d'armes. Sinon peut-être pour signaler que Madame Royal a manifestement su imposer sa parole, si maladroite qu'elle puisse parfois être, et a au moins démontré cette capacité à tenir tête à un contradicteur.
La clarté du propos n'était pas toujours au rendez-vous. A ce jeu là, Monsieur Sarkozy est en apparence plus doué, mais son simplisme le rattrape. Mesure implique croissance qui implique baisse du taux de chômage et réduction de la dette: CQFD ! Le schéma est reproduit tant et plus, si bien que la supercherie finit par être démasquée. L'économie n'est pas une science exacte, un peu d'humilité et de marge de manoeuvre n'auraient pas fait de mal... Sur ces mêmes sujets, Madame Royal défausse fréquemment sur une concertation des partenaires sociaux. On peut regretter qu'elle n'ait pas, sans trahir cet engagement, donné quelques pistes de réflexions, quelques idées qui lui paraissent devoir être exploitées. Cela aurait coupé l'herbe sous le pied de Monsieur Sarkozy qui n'a pas manqué de railler ce qu'il a fait passer pour une défausse.
Enfin, on observera que certains grands sujets (qui fâchent) ont été oubliés. Exit les questions sur la place de la religion, la conception de la famille, etc.,... Sans compter ceux qui ont été survolés, sans se laisser le temps d'entrer en désaccord profond (les banlieues en particulier).
En définitive, ce débat n'était guère exaltant et même assez convenu en dépit de l'étonnante inversion des rôles entre les candidats.
Pas exaltant, mais pas mauvais non plus. Et si je persiste à penser que Madame Royal a encore des progrès à faire pour, dans la forme comme sur le fond, acquérir une stature indiscutable, et bien j'estime qu'elle n'a pas démérité face à un Nicolas Sarkozy guère plus convainquant sur le fond et presque fade à force de maîtrise de soi.
Et maintenant, aux urnes...