La fascination du pire

Je vous aurais bien parlé un peu de Rome, mais Canalblog refuse obstinément la création d'un nouvel album photos. Ce sera donc pour une prochaine fois.

En attendant, je vous livre un titre de livre.

La fascination du pire, de Florian Zeller, mérite vraiment le détour. Ce n'est pas tant le style - moyen - qui motive mon conseil que le contenu de l'ouvrage. L'auteur narre un voyage en Egypte, qu'il fait en compagnie d'un journaliste suisse avec lequel il se rend à une invitation de l'ambassade de France au Caire.

Très vite, on se détache de l'histoire, assez trouble et qui tient pour l'essentiel à la manipulation de l'un des protagonistes par l'autre, pour se concentrer sur l'arrière-plan de ce roman. Florian Zeller nous livre un portrait assez saisissant de la confrontation entre la culture occidentale, notamment son rapport à la séduction, et les moeurs égyptiennes. Il est évidemment question d'Islam.

Au fond, ce qui rend ce petit livre intéressant, c'est qu'il réussit le pari de confronter la plupart des points de vues que l'on rencontre lorsque l'on aborde ce thème. Les uns, charmés par l'Orient, plaident l'existence d'un Islam modéré relevant de la culture plus que de la religion. Les autres voient dans cette religion un obstacle à tout rapport social sain et une source de frustration dangereuse.

L'auteur, qui ne prend pas explicitement parti, met toutefois en scène quatre tendances. Une culture orientale, dont fait partie la religion musulmane, qui dialogue sans peine avec une culture occidentale sans trop d'a priori ni d'excès. Versus un intégrisme islamique qui se heurte violemment avec un univers européen également assez sordide, redresseur de torts et pourtant très porté sur d'autres excès.

Tout cela pourrait être d'une effrayante banalité. L'auteur parvient à y échapper en mettant en scène, dans le théâtre des aberrations de l'intégrisme religieux musulman, l'absurdité des abus de la société occidentale. Le pari est d'autant plus réussi qu'il ne s'agit pas de relativiser les atrocités des uns au moyens des abus des autres mais seulement de pointer du doigt l'ensemble des dysfonctionnements sans en omettre, comme c'est trop souvent le cas, la moitié qui se situe du "bon côté" de la Méditerranée.