Le rêve d'Icare
Tout vient à point à qui sait attendre, et justement, c'était aujourd'hui !
Passé
les contraintes de temps et de météo, on aurait pu croire que tout
serait simple... Erreur ! Il a encore fallu trouver l'aéroport
(International, s'il vous plaît !) de Toussus le Noble, plus
particulièrement la zone Ouest, celle qui se trouve au delà du cul de
sac qui n'en est pas un...
Mais le jeu en valait la chandelle.
Je
vous passe les modalités d'embarquement (devinez qui ne trouve qu'un
permis mer à présenter avant de s'embarquer dans un avion...) et le
briefing dont je vous livrerais ce que j'ai retenu au fil de l'eau (zut, encore manqué !) l'air.
L'espace de quelques minutes, nous avons cru embarquer dans un Piper (PA 28), et puis finalement non. Ce fut donc un Cessna 172, l'avion le plus vendu au monde paraît il (les mauvaises langues diront que c'est parce qu'il faut souvent le remplacer).
Avant
de gagner le droit de s'installer à bord, il y a un passage obligé: la
visite pré-vol. Le principe consiste à s'assurer que l'avion est bien
doté de deux ailes, une gouverne, un moteur et un train d'atterrissage.
En un peu plus poussé, peut-être...
Une fois ceci fait, il reste à faire tenir quatre personne dont trois ont des boules de coco sur la conscience
l'estomac ! Derrière, je ne sais pas, mais devant c'est finalement plus
confortable que ce à quoi je m'attendais. La visibilité n'est pas
mauvaise, les lombaires pas trop maltraitées.
Mise en route du
ventilateur et là... plus question de dialoguer sans l'aide de
l'intercom. Ceci dit, une fois encore, ce n'est pas aussi bruyant que
ce à quoi on pourrait s'attendre.
Vient ensuite l'étape Ô
combien hilarante du roulage... Un avion, au sol, se dirige à peu près
comme une voiture. On oriente la roulette de nez à l'aide des
palonniers et chacune des roues arrières est munie d'un frein que l'on
peut actionner de façon indépendante. A priori, rien de bien sorcier... Et
bien, allez comprendre pourquoi, même avec dix années de permis de
conduire et quelques manoeuvres à la mer, impossible de rouler droit du
premier coup ! Ceci dit, on progresse vite...
A peine le temps
de dire ouf, et on se retrouve en l'air... Surprise: ça décolle très
rapidement et ça grimpe vite ! En moins de temps qu'il n'en faut pour
le dire, on se retrouve cinq cent mètres au dessus du plancher des
vaches... Quand on pense au temps qu'il faut pour grimper quatre étages
à pied...
Après, c'est affaire de paysage et de sensations. Pour
moi, le menu était plus sensations que paysage (encore que...). Ce sont
donc les passagers qui avaient la lourde tâche d'immortaliser ce
périple. Les réclamations sont à adresser ici, mais soyez indulgents: entre les vitres pas toujours très transparentes et les secousses liées à une atmosphère turbulente un pilotage approximatif, je crois qu'on peut dire qu'elles sont réussies.
Côté
sensations, c'est surprenant. L'appareil réagit de façon assez franche
aux sollicitations, mais se remet à peu près en palier (i.e. droit et à
altitude constante) dès que l'on "rend la main". Finalement, il n'est
pas très facile d'être précis, mais pas très difficile de se diriger à
peu près où l'on veut.
La difficulté tient plutôt au fait que
les actions à effectuer sont plus nombreuses que ce qu'on a l'habitude
de faire dans une voiture ou sur un bateau. Un simple virage requière
deux manoeuvres coordonnées, l'une qui tend à incliner les ailes,
l'autre à faire pivoter l'appareil sur un plan horizontal. Ajoutons
qu'il faut, pendant le même temps, le faire monter, descendre, ou
rester à la même altitude. Et si l'on veut être exhaustif, il reste à
s'occuper de faire délivrer au moteur la puissance adaptée et... tout
le reste. bref, rien n'est très compliqué en soi, mais le nombre
d'actions fait la complexité de chacune.
La météo n'était pas
mauvaise, on ne peut donc pas dire que l'on ait été secoués. Ceci dit,
on ressent très bien les perturbations, même minimes, et les phases de
montée / descente font se promener la boule coco (ou le beignet à la
banane...) dans l'estomac. Pas de quoi devenir pâle, mais en revanche
de quoi s'apercevoir qu'on évolue dans trois dimensions.
Et
justement, c'est ce qui fait tout le charme de la chose. On retrouve un
degré de liberté assez incroyable que je n'avais expérimenté que sous
l'eau. C'est même un peu plus grisant, d'une part parce que l'on domine
un paysage terrestre (point de vue inhabituel sur un environnement
habituel) et d'autre part parce que les impressions physiques sont
nettement plus prononcées qu'en plongée.
Finalement, on se
retrouve sur le plancher des vaches. L'atterrisage est moins
impressionnant que le décollage, bien que la sensation de "freinage" en
l'air soit surprenante. la manoeuvre parait quand même plus lente.
C'est peut-être simplement que l'on commence à s'habituer et que le
temps paraît filer moins vite...
Pour le surplus, vous pourrez aller juger par vous même, l'album (presque) complet est en colonne de droite.
Quelques
indications quand même. Un certain nombre de clichés donnant une vue du
tableau de bord, vous pourrez vous faire une idée du vol en regardant
ce qu'affichent les instruments.
Le
badin indique la vitesse de l'appareil. Il est gradué en noeuds (mile
nautique par heure). Un noeud (kt) correspond à environ 1,828 kilomètre
par heure (km/h). Le décollage comme l'atterrisage s'effectuent aux
alentours de 60 kt, soit 110 km/h. Le vol en palier, lui, se déroule à
110 kt soit 200 km/h.
L'altimètre est gradué en pieds et indique
la hauteur de l'appareil par rapport au niveau de la mer. Un pied
correspond à 0,3048 mètres. Toussus est situé à 500 pieds au dessus de
la mer (150 mètres) et le vol se déroule entre 1300 et 1700 pieds (400
à 520 mètres au dessus de la mer et 250 à 370 mètres au dessus du sol).
Le
variomètre enregistre la vitesse à laquelle l'avion perd ou prend de
l'altitude. Il est gradué en centaines de pieds par minute.
Enfin,
l'horizon artificiel représente la position de l'avion par rapport à
l'horizon. Lorsque le repère se situe dans le bleu, le nez de l'avion
pointe vers le haut (assiette à cabrer). Lorsqu'il est dans le noir, il
pointe vers le bas (assiette à piquer). Le principe est le même lorsque
le repère est décalé par rapport à la ligne de séparation du bleu et du
noir. Le tout est gradué en degrés par rapport aux axes horizontaux
(avant / arrière
et gauche / droite).
Quant aux paysages,
vous trouverez pêle-mêle le CEA de Saclay, le centre d'entraînement de
Clairefontaine, Paris de loin, la piste de l'aéroport de Toussus,
quelques fermes, un château,...
Pour finir, un grand merci à ceux qui ont eu cette riche idée et tout spécialement à mes deux accompagnateurs !
Il
ne me reste plus qu'à convaincre mon employeur qu'une formation de
pilote privé ne coûte pas plus cher qu'un stage "management des
relations professionnelles" ou "apprendre à positiver son stress" et de
m'y envoyer au titre du DIF.
Et puis c'est décidé: après
l'équitation, après le vol moteur, la prochaine fois c'est saut en
parachute depuis une montgolfière avec arrivée sur un nénuphar une
grenouille à la main !