Viva Espana !
J'ai hésité...
Je garde un excellent souvenir de certains (vieux) films de Pedro Almodovar, à commencer par Femmes au bord de la crise de nerf (1988), Talons aiguille (1992) ou Attache moi (1989).
Tous avaient en commun de mettre en scène des femmes au physique et à la personnalité hors du commun. Je pense en particulier à Victoria Abril (ah, Victoria Abril...!), mais aussi Carmen Maura et d'autres encore.
Satires sociales, caricatures à la fois drôles et justes, ces portraits d'une Espagne qui s'éveillait avaient quelque chose de touchant, d'humain et de terriblement vivants.
Puis, Almodovar s'est tourné vers un cinéma plus noir. Sans doute l'Espagne avait-elle fini de s'éveiller aux joies de la vie moderne et en découvrait-elle les souffrances... Ce fut Tout sur ma mère (1998) qui mettait en scène la douleur de la perte d'un enfant, Parle avec elle (2001) qui effleurait différents sujets dont la mort et l'amour et, enfin, La mauvaise éducation (2004) qui s'attardait sur le sujet de la pédophilie dans les institutions catholiques et sur l'homosexualité dans l'Espagne du 21ème siècle.
Dans cette seconde série de films, les femmes n'étaient plus à l'honneur, l'humour n'était plus de mise. Almodovar mettait en scène des personnages aux relations sentimentales et sexuelles troubles, douloureuses.
Si je garde un souvenir plutôt bon de Tout sur ma mère (qui ne soutient néanmoins pas la comparaison avec La chambre du fils de Nanni Moretti), je reste cependant nettement plus inconditionnel de son oeuvre des années 80.
J'ai donc hésité à aller voir Volver. Certes, il y avait là une trame qui mettait de nouveau les femmes à l'honneur et pas n'importe lesquelles puisqu'on retrouve l'excellente Carmen Maura dans le rôle de la grand-mère. Le synopsis promettait même un retour au genre du portrait de société (trois générations de femmes dans un quartier ouvrier de Madrid). Seulement, je ne sais quel pressentiment me retenait... Peut-être tout ce battage médiatique autour du film...
Bref, je l'ai vu. Si je devais donner un avis d'ensemble, je serait bien ennuyé... Volver use de bien des recettes du succès des films précédents. La grand-mère est une de ces femmes espagnoles tardivement émancipées qui prête autant à l'admiration qu'au sourire. Les pleureuses en noir du village dont ces trois générations sont issues sont dépeintes avec justesse, les deux filles sont des exemples de débrouillardise et d'amour intériorisé.
On sourit parfois, on serait même presque touché par moments.
Pourtant, le miracle Almodovar n'opère pas.
En dépit de scènes assez belles, bien servies par des paysages contrastés et des dialogues acérés, l'histoire s'englue dans trop de complexité. Trop de secrets s'accumulent tout au long du film qui trouvent in fine un dénouement compliqué et noir.
Ces trois femmes - pardon, quatre, mais la petite fille est ravalée au rang de quasi-figurante - ont pris le parti de vivre bien loin des hommes, bien loin de l'amour, bien loin de la vie...
C'est une sorte de huis clos auquel on assiste, un huis clos que l'on aurait aimé voir s'ouvrir sur l'extérieur à un moment ou à un autre.
En somme, ce film est un peu entre deux. Entre deux époques, entre deux façons de filmer, entre deux thématiques.
Le résultat est entre deux également. Pas déplaisant, mais pas vraiment enthousiasmant...
P.S.: Etant de surveillance d'examens, j'ai récupéré le premier bouquin venu que l'on voulait bien me prêter et vous aurez droit prochainement à une critique du fumeux Da Vinci Code... Par ailleurs, je vous recommande Le petit lieutenant si vous ne l'avez déjà vu (sortie en 2005), rien que pour la performance de Nathalie Baye !