Je suis de la génération Mitterrand
Je suis né en 1979. Il n’est donc pas faux d’écrire que je
suis né durant le septennat de Valérie Giscard d’Estaing. Cela étant dit, à
peine deux ans au 10 mai 1981 et, surtout, je suis né dans une famille où la
seule élection qui ai provoqué l’ouverture du champagne est celle de François
Mitterrand…
En trichant à peine, je peux donc écrire que je suis de la
génération Mitterrand. Or, ce personnage qui n’en finit pas de faire couler de
l’encre. Récemment encore, à l’occasion du 10ème anniversaire de sa mort, en
janvier, Paris a été parsemé de panneaux retraçant ses légendaires promenades,
le long des quais de Seine, notamment.
Les journaux, la télévision, s’en sont
alors donné à cœur joie, à l’excès parfois, et nous ont livré moult
commentaires. Aussi contradictoires, incomplets et partiaux qu’il y a dix ans…Pour
ce qui me concerne, j’ai hérité d’une certaine fascination pour cet homme de
lettre et d’histoire dont la seule plaidoirie véritablement connue est celle
prononcée pour sa propre défense.
Cependant, au delà de ce sentiment un peu
creux et pas très personnel, j’étais en mal d’informations sur l’homme, son
action, sa politique. Trop lucide – et trop détaché – pour verser dans
l’idolâtrie, j’avais néanmoins une bonne disposition à son endroit.
Il fallait
donc l’étayer.
C’est un peu par hasard que je me suis trouvé à lire l’ouvrage
de Christophe Barbier, Les derniers jours de François Mitterrand. Le hasard fait
parfois bien les choses. L’ouvrage, en apparence, ne traite que de la période
allant de la passation des pouvoirs au Président fraîchement élu, Jacques
Chirac, jusqu’au jour du décès de François Mitterrand. Ce n’est cependant
qu’une apparence. En réalité, entre le 17 mai 1995 et le 8 janvier 1996,
l’ancien Président travaille à ses ouvrages, à son image, rencontre nombre de
ses anciens amis ou ennemis politiques, collaborateurs, proches. Au travers de
ces échanges, il évoque son action, les motivations qui étaient les siennes, la
vision qu’il avait de la France, de l’Europe. Ses interlocuteurs renvoient une
image critique ou avalisent les propos du Président.
L’auteur retrace ces entretiens, leur chronologie, la
motivation de chacun d’eux et leur contenu. Au travers de ces phrases attrapées
au vol, se dresse page après page un portrait instructif de l’homme autant que
du dirigeant. L’Allemagne, la cohabitation, l’économie, la guerre d’Algérie,
Bousquet, etc.,… Autant de thèmes dont on esquisse la vision qu’en avait ce
Président un peu hors du commun.
Bien sur, tout n’est pas dit et l’auteur n’est
pas adepte de François Mitterrand. Il serait vain de chercher dans ce livre une
vision parfaitement objective et complète. D’autres lectures s’imposent.
L’ouvrage
vaut cependant d’être lu pour deux raisons. D’abord, il n’est pas assommant, ce
qui pour une biographie d’homme politique est une qualité rare. Ensuite, il est
respectueux, sans excès et avec justesse, de l’émotion qu’a pu susciter l’achèvement
du parcours du héros chez ceux qui l’aimaient ou l’admiraient.
A lire.